Conjoncture laitière Bio - Avril 2023

5 mai 2023

Après plusieurs années de forte croissance, la collecte de lait bio en France a augmenté plus lentement en 2022. Ce ralentissement se confirme sur le début d’année 2023.  

Cette situation s’explique par une très forte accélération des cessations d’activité d’atelier lait bio. Le nombre de points de collecte bio a même déjà commencé à diminuer.  En 2022, la collecte a suivi des trajectoires divergentes entre le Nord et le Sud de la France. La production de lait bio a continué de progresser en Bretagne, en Normandie, et dans les Pays-de La Loire, mais a commencé à décroître en Auvergne Rhône-Alpes.

Après plusieurs années de forte croissance, la consommation de produits laitiers bio s’est retournée en 2021, et recule depuis dans toutes les familles de produits. En 2022, les ventes de produits laitiers bio en grandes et moyennes surfaces sont revenues à leur niveau de 2018, alors que la collecte a entre-temps crû. Sur les 3 premiers mois de 2023, la consommation continue de diminuer. Par conséquent, les déclassements de lait bio ont fortement augmenté. 

Les éleveurs bio n’ont pas été épargnés par la flambée des coûts de production, dans un contexte de canicule et de sécheresse, qui a particulièrement affecté les systèmes herbagers. De plus, à cause du déséquilibre de marché, le prix du lait bio a stagné en moyenne en 2022, contrairement au prix du lait conventionnel qui a augmenté. Par conséquent, le revenu courant par unité de main d’œuvre aurait baissé. Et la situation s’est même davantage dégradée dans les fermes bio de montagne, qui ont subi des hausses de coûts de production plus fortes ces dernières années. Depuis l’automne, le prix du lait bio progresse toutefois plus significativement, mais avec une forte hétérogénéité entre les laiteries. 

Le ralentissement de la consommation de produits bio comporte certes des causes structurelles. Les ventes de produits bio avaient commencé à ralentir avant l’apparition de l’inflation fin 2021, et plusieurs études auprès des consommateurs ont montré une certaine altération de la perception des bénéfices des produits bio. Néanmoins, cette déconsommation pourrait surtout être liée à des facteurs conjoncturels, et donc par définition transitoires. En effet, l’inflation actuelle se traduit par une descente en gamme de la consommation, qui pénalise particulièrement les produits bio. Le ralentissement attendu de l’inflation au second semestre pourrait donc permettre une reprise partielle de la consommation.

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