Un secteur laitier durable en Europe - La filière laitière française engagée pour préserver et maintenir la Biodiversité

13 octobre 2020

Aujourd’hui, 13 octobre 2020, une centaine d’experts de l’environnement, du climat et de la filière laitière se sont réunis à l’initiative du Cniel, interprofession laitière, dans le cadre d’un programme co-financé par la Commission européenne, mené en collaboration avec 5 autres pays européens : Belgique, Danemark, Irlande, Royaume-Uni (Irlande du Nord) et Pays-Bas. 
L’ambition de ce programme européen est de faire et faire-savoir : le secteur laitier français prend ses responsabilités, met en avant ses atouts environnementaux et s’engage face aux défis du changement climatique. 

 

La biodiversité, une ressource vitale à l’activité laitière 
Dans le monde, un million d’espèces animales et végétales sont menacées d’extinction dans les prochaines décennies[1]
, des chiffres alarmant notamment pour l’agriculture dépendante du développement de la biodiversité. 

En effet, la biodiversité est une richesse extrêmement précieuse pour la filière laitière. La biodiversité dite ordinaire, c’est-à-dire celle constituée des espèces communes qui nous entourent, est indispensable aux activités d’élevage, et la biodiversité microbienne à la transformation du lait en produits laitiers de qualité pour les consommateurs. En agissant pour sa préservation, la filière laitière s’assure d’une relation gagnant-gagnant et du maintien de l’équilibre des écosystèmes nécessaire à ses activités de production, transformation et commercialisation. Plus les espèces sont nombreuses et diversifiées, et leurs interactions multiples, plus la résilience est importante. 
Dans le cadre de la démarche de responsabilité sociétale “France Terre de Lait”, le Cniel travaille aux côtés de l’ensemble de ses parties prenantes pour construire une filière écoresponsable et développer un modèle de production durable tout en respectant l’environnement. Un indicateur de l’évaluation de la biodiversité est d’ailleurs à l’étude.


“ Ces dernières années, le secteur laitier français a initié de nombreuses autres démarches de progrès pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre, mieux gérer l’eau, les sols et maintenir de la biodiversité. En intégrant la biodiversité à travers différents programmes, nous nous assurons le développement de nos activités et leur pérennité. Nous avons la volonté d’aller plus loin dans notre action.” - Caroline Le Poultier, directrice générale du Cniel.

Les éleveurs laitiers, acteurs de la biodiversité sur leur territoire
Par leurs pratiques, les éleveurs laitiers participent au maintien de la biodiversité ordinaire de nos campagnes. Les prairies et les éléments agro-écologiques (les haies, les talus ou les mares…) qu’ils entretiennent procurent habitat et ressources alimentaires pour bon nombre d’espèces. Avec les parcelles de culture, l’élevage dessine une mosaïque paysagère diverse, tout en préservant la qualité de l’eau. Les prairies et les éléments agro-écologiques comme la forêt, ont également un rôle essentiel dans le stockage du carbone.
Le projet de recherche Indibio[3] suivi par Vincent Manneville (référent biodiversité à l'IDELE)
a démontré que le rôle joué par le paysage, entretenu par l’éleveur, est très important. Car, il explique au moins 30 % de la variabilité au sein de chaque espèce mobile comme les bourdons, la chauve-souris et les oiseaux. De plus, les vaches fertilisent la parcelle, entretiennent une diversité floristique par leur alimentation et la vie des sols s’en trouve aussi préservée. 
Pour accompagner les éleveurs dans la mise en œuvre de pratiques vertueuses, un outil Biotex, piloté par l'Institut de l'Elevage a été créé à la suite du projet Indibio. Le Cniel a pour objectif de le diffuser en France, mais également de le faire connaître en Europe. Biotex doit permettre aux éleveurs de faire un état des lieux de leurs contributions à la biodiversité et d’identifier des leviers d’amélioration pertinents au regard de leur contexte et de leur stratégie. 
Lien vidéo sur l'outil Biotex 

Biodiversité des sols, l’élevage laitier a toute sa place
Réservoir de vies, les sols abritent plus de 25% des espèces actuellement décrites[4]. Plusieurs études menées en France et à l’étranger dont celle réalisée par Caroline Petitjean (maître de conférence en Sciences des sols à AgroParisTech) avec IDELE, ont mis en évidence les impacts positifs de certaines pratiques agricoles sur le fonctionnement biologique et la fertilité des sols.  Les résultats obtenus confirment que les apports d’effluents d’élevage comme le fumier, l’intégration de prairies temporaires dans les rotations de culture et une réduction du travail du sol peuvent augmenter sa teneur en matières organiques et stimulent significativement son activité enzymatique. Ainsi, ces pratiques renforcent la capacité des sols à fournir des éléments minéraux valorisables par les plantes. Elles constituent donc, pour l’élevage laitier, des leviers majeurs pour le maintien des teneurs en carbone organique et de la fertilité des sols.

La biodiversité microbienne, source d’innovation pour la filière
Les produits laitiers sont eux aussi des écosystèmes… de 107 à 109 micro-organismes par gramme peuvent coexister dans un produit laitier. Cette biodiversité microbienne est liée à de nombreux facteurs comme l’animal, le terroir, les pratiques d’élevage, de traite, de transformation… 
Ces micro-organismes naturellement présents ou ajoutés volontairement (ferments…) vont donner toute la typicité aux produits laitiers (goût, odeur, texture, couleur…) et en même temps garantir leur qualité sanitaire.
La France possède une diversité de produits laitiers extraordinaire qui en fait un pays moteur dans la compréhension de ces écosystèmes. Cette biodiversité est fondamentale pour l’innovation et la création de nouveaux produits laitiers. 
Pour la préserver, la caractériser et la mettre à disposition dans des cadres réglementaires, des banques de micro-organismes ont été créées. Le Cniel dispose d’une collection nationale de ressources génétiques pour les micro-organismes d’intérêt laitier. Elle permet à la filière laitière française d’être à la pointe des innovations. Dans un monde où l’innovation fait la différence sur le plan économique, la connaissance et la préservation de ces micro-organismes sont stratégiques. Outils biologiques par excellence, les micro-organismes sont indispensables à l’activité laitière.

Pour en savoir plus : lien pour suivre le symposium en replay


[1] Rapport publié en mai 2019 par la plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) : https://ipbes.net/global-assessment#
[2] Sondage réalisé par Userneeds du 7 février au 11 mars 2020 sur un panel de 2016 répondants
[3] Programme de recherche appliqué financé par le Cniel et le ministère de l’Agriculture et mis en œuvre par Idele, l’INRAE, France Nature Environnement et le Museum national d’Histoire naturelle
[4] La vie cachée des sols, plaquette de l’ADEME, Octobre 2010, p10 (https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets documents/72480_7021la_vie_cachee_des_sols_a5.pdf).

 

EMF (European Milk Forum) est un réseau actif de huit organisations laitières européennes qui vise à promouvoir les échanges professionnels et la réflexion autour d’initiatives collectives. Les membres de l’EMF poursuivent un but commun : développer des programmes d’information et de promotion sur le lait et les produits laitiers en Europe.

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